Avis musicaux du comptoir


Maps to the stars (2014) - David Cronenberg CINEMA

Pour cette première chronique j'ai décidé d'aller à contre courant et de faire dans le cinéma! Alors parler de cinéma dans un blog musical ça n'a pas tellement de sens me direz-vous, à raison, et je vous répondrai (peut-être à tord), m'en fous, c'est moi qui décide!

Donc cette semaine, je me suis retrouvée, une fois n'est pas coutume, dans une salle de l'Utopia à Bordeaux avec ma mère et mon frère. Pour ne pas déroger aux bonnes habitudes familiales, ma mère a fait le choix du film, choix basé selon ses dires sur mon goût pour le réalisateur Cronenberg, et donc en toute logique maternelle, nous sommes allés voir Maps To the Stars.

Qu'en dire?... Première chose à en dire (mais là je m'en remets au bon jugement de chacun et aux histoires personnelles de chacun...): quelle erreur d'aller voir ce film en famille!! En gros un des sujets très vite central et fil conducteur du film est l'inceste (inceste mère-fille fantasmé ou réel... et inceste frère-soeur...)

Cronenberg nous raconte les travers du monde irréel d'Hollywood, en nous montrant la crasse qui se cache derrière les clichés peroxydés, les idéaux de beauté, argent, réussite associés inlassablement à Hollywood.

On se retrouve au centre de deux histoires parallèles, chacune se basant sur une série de personnages clichés hollywoodiens - stars de cinéma, gourou des stars, enfant star, manager de stars, jeune acteur qui veut devenir star... et qui vont s'entremêler par le jeu de leurs relations.

La musique (oui, je comptais quand-même en parler!!) joue d'après moi un rôle majeur dans ce film, c'est elle qui est responsable pour une grande part (au moins dans mon ressenti) de l'angoisse figeante qui prend aux tripes le spectateur pendant les scènes clées du film, les scènes qui mettent en exergue la folie des personnages (une folie insidieuse et pas toujours visible) et la façon diffuse dont peu à peu elle se propage sans en avoir l'air... C'est Howard Shore qui signe la B.O, il est le pendant musical de quasi tous les films de Cronenberg et réussi à nous faire oublier qu'il y a de la musique tant elle s'insinue sournoisement telle un insecte rampant dans le film jusqu'à monter en flèche à son paroxysme.
Certains passages font froid dans le dos, et c'est ce qui m'a plu dans ce film. Le côté déshumanisé des personnages, chacun trop occupé à regarder son nombril, et c'est sans doute cette occupation prenante qui laisse filtrer peu à peu dans des esprits fragilisés une forme rampante de folie qu'on découvre doucement chez tous les personnages...

Le jeu d'acteur sans faille ancre la réalisme de ce film qui - malgré une histoire un peu rocambolesque à mon goût - nous laisse penser que Hollywood en somme, ça rend fou... Alors certes pas besoin d'avoir vu le film pour savoir ça, mais l'illustration vaut le coup.

On se rend compte grâce à elle qu'on est tous égaux face à la folie, la misère humaine et la crasse (l'argent n'achète pas tout).
La scène de Juliane Moore, constipée sur les gogues est excellente et l'actrice Mia Wasikowska fait peur tant elle est naturelle dans ce rôle dérangeant.

Pour finir je dirais que personnellement j'ai peut-être ressenti le film à contre courant parce qu'en fin de compte ce sont les personnages des enfants que j'ai trouvé les plus attachants tandis que les adultes me sont apparus perdus, dérangés et insauvables...

Pour conclure je dirais que c'est un film que je recommande, même si on ressort un brin déprimé/perturbé, un beau film sur un sujet angoissant.

Le trailer ici: https://www.youtube.com/watch?v=mT9E3nGQ4Qo&feature=kp

Jeny
02/06/2014
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